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Historique de l'orgue

Les travaux de restauration des orgues de la Collégiale Saint-Martin de Limoux en 1994, classées Monuments Historiques, ont été l'occasion de retrouver une partie de leur histoire. Les reconstructions de celles-ci de 1740 à 1743 par Pierre de Montbrun et de 1767 à 1772 par Jean François Lépine ont été redécouvertes et l'instrument a été restauré suivant l'esthétique du XVIIIe siècle, à la manière du dernier, Lépine. Des documents conservés aux Archives Départementales prouvent qu'il existait déjà un orgue au XVIe siècle, certes réduit, mais joué régulièrement aux offices puisque nécessitant un contrat d'engagement d'un organiste en bonne et due forme en l'an 1553. Des documents rares jusqu'au XVIIIe siècle, mais signifiants continuent par la suite de raconter partiellement l'histoire de cet orgue, obligeant parfois à en imaginer les phases cachées.


Au XVIIIe, Pierre de Montbrun construit non seulement l'orgue avec toute sa mécanique, mais aussi le magnifique buffet qui fait penser à ceux de Saint-Just de Narbonne, Cintegabelle, et Sainte-Cécile d'Albi construits par Moucherel. Il a d'ailleurs inscrit la date de 1742 sur le cul de lampe central du buffet. Cette date est par contre confidentielle car non visible, haut perchée et cachée par une pièce de bois. Elle n'est accessible qu'aux acrobates curieux. Ce buffet, avec sa belle ordonnance, ses sculptures, son ornementation, a vraiment fière allure dans un cadre aussi majestueux et aussi vaste, avec ses 75m de longueur de nef. L'Église Saint-Martin est en effet un lieu saint aussi beau qu'ancien.


Car dès le Xe siècle, en 982, les traces d'une église apparaissent à Limoux. En 1261, le maçon Pierre de Terme est chargé d'agrandir l'église qui sera consacrée seulement en 1453. On peut voir encore les éléments les plus anciens dans la travée du transept proche du presbytère, avec des sculptures formées de bustes de moines et chevaliers du XVIIIe siècle environ. Le retable est de la même époque que l'orgue, avec ses trois statues représentant la Foi, (calice), l'Espérance (ancre marine), et la Charité (Saint Martin). La table de communion et l'enceinte du chœur en marbre rose de Caunes datent également du XVIIIe siècle. 
Les sonorités de l'orgue sont, comme à Saint-Nazaire de la Cité de Carcassonne, ou Saint-Pons de Thomières, en rapport avec l'esthétique très française de cette période encore très baroque. Les jeux d'anche comme la trompette, la voix humaine, le clairon ou le cromorne sont des jeux à sonorité claire et incisive, très contrastés. L'organiste dispose donc comme un peintre d'une palette de couleurs très vives, surprenantes même, parfois, qu'il peut opposer aux jeux de bourdon ou de montre, plus doux et moins personnalisés. Les possibilités de mélange sont grandes, puisque cet orgue dispose d'un quarantaine de jeux, plus un tremblant pour faire vibrer les sons, et d'un rossignol, jeu original imitant le chant d'un oiseau.

 

La restauration en 1994, fut un travail délicat accompli par Pierre Vialle, facteur d'orgue du Gers, car l'orgue ayant subi des mises au goût du jour, notamment celle de Puget, en 1870, il a fallu retrouver le ton initial (un ton plus bas environ que le la 440) et l'harmonie du XVIIIe s, guérir des tuyaux d'étain attaqués par la lèpre.

L'inauguration est faite le 10 décembre 1994 par Michel Chapuis, qui, connaissant l'orgue de Puget, écrit: Voir Menu Livre d'or

Son programme comprenait des pièces de Tirelouze, Nivers, Roberday, Dandrieu, Bach avec sa pastorale, et des pièces de Dames Augustines de Vitré et de Scherer.

Isoir a participé également à cette inauguration le 11 décembre 1994, le lendemain, et écrit: voir Menu Livre d'or

Son programme comprenait des compositeurs du XVIe siècle, (Diego Ortiz, un anonyme du Dublin Manuscript de 1583, Newman, Byrd), du XVIIe siècle (Monteverdi, un anonyme anglais de 1690, Pasquini, Cabanilles, Nicolas de Grigny), du XVIIIe siècle (Piroye, Armand-Louis Couperin, Michel Corrette), du XIXe siècle (Boëly) et XXe siècle (Alain, transcription de Bartok). Un programme éclectique!

Mais l'orgue est une grosse machine fragile de plus de mille tuyaux, sensible aux variations de température, d'hygrométrie et vingt ans après sa restauration, il faut envisager quelques réparations, ce qui va se faire cette année 2014.

Extraits de "L'orgue de Saint-Martin de Limoux" par Christine Tranchant

Bail de1553:

Photo

 

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